Six heures trente, radieuse lumière matinale au son de l’irrévérencieux réveil,
Arôme de café fumant, rideau ouvert, fenêtre au grand air, fringant soleil,
Affut sur vestiges d’une voisine bâtisse arrière,
Refuge bois et pierres pour volière en concert.
Un rouge-queue en vol stationnaire, face à nos yeux ébahis, volète,
Pour, en soubresauts, se poser et nous regarder d’un bruit de creux bâtonnets,
Pendant qu’au loin, aux confins du Corrai,
Un coucou esseulé hélait ardemment sa dulcinée.
Une bande de moineaux, galopins avérés, s’ébroue en chamaille,
Un pinson répète son aubade terminée par un juron,
Alors qu’un geai, dérangé par tant d’entrain, s’envole d’un cri sec de ferraille,
Le pic-vert, égayé par ce joyeux réveil, déroule son échappée à grands ronds,
Au passage d’insectes insouciants, un couple de chardonnerets,
Colorie la course sautillante des bergeronnettes,
Lors que d’un proche pré, un meuglement familier s’échappait,
Le bourdonnement d’un tracteur réveilla l’émerveillement de nos mirettes.
Une journée bonheur commençait avec un accent solennel,
Car sur le haut du Calvaire, la belle Digitale était née pourpre près de sa blanche jumelle,
Sous les applaudissements des sceaux-de-Salomon et genêts,
Une haie d’honneur, un artifice de pétales et d’ombelles.
Myosotis, lierres terrestres, iris d’eau, herbes à Robert,
Au chifchaf du rapide pouillot, et l’éternelle mélodie de la grise fauvette en transe,
Grive juvénile au pied d’une armée de fougères en défilé militaire,
Salsifis en semences, boutons d’or, gesses et vesses acclament sa lumineuse naissance.
©Philippe Grimard (24 mai 2020) – Digital’Inn
Paru dans MAUGIS 84
Revue littéraire trimestrielle des Amis de l’Ardenne.
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