Six heures trente, joyeuse lumière matinale au son du radio-réveil
Arôme de café fumant, rideau ouvert, fenêtre au grand air, soleil
Affut sur vestiges de l’arrière-maison de Daniel
Refuge bois et pierres pour volière en concert
Un rouge-queue en vol stationnaire, face à nos yeux ébahis, volète
Pour, en soubresauts, se poser et nous regarder d’un bruit de creux bâtonnets
Pendant qu’au loin, aux confins du Corrai,
Un coucou esseulé hélait ardemment sa dulcinée
Une bande de moineaux, galopins avérés, s’ébroue en chamaille
Un pinson répète son aubade terminée par un juron
Alors qu’un geai, dérangé par tant d’entrain, s’envole d’un cri sec de ferraille
Le pic-vert, égayé par ce réveil, déroule son échappée à grands ronds
Au passage d’insectes insouciants, un couple de chardonnerets
Colorie la course sautillante des bergeronnettes
Alors que d’un proche pré, un meuglement familier s’échappait
Le bourdonnement d’un tracteur réveilla l’émerveillement de nos mirettes
Une journée bonheur commençait avec un accent solennel
Car sur le haut du Calvaire, la belle Digitale était née pourpre près de sa blanche jumelle
Sous les applaudissements des sceaux-de-Salomon et genêts
Une haie d’honneur, un artifice de pétales et d’ombelles
Myosotis, lierres terrestres, iris d’eau, herbes à Robert
Au chifchaf du rapide pouillot, et l’éternelle mélodie de la grise fauvette en transe
Grive juvénile au pied d’une armée de fougères en défilé militaire
Salsifis en semences, boutons d’or, gesses et vesses acclament sa lumineuse naissance.
©Philippe Grimard (24 mai 2020) – Digital’Inn