Ardennitudes : Note de lecture

« Hippocrate la tient pour l'esprit répandu dans tout l'être, Zénon pour la quintessence des quatre éléments, Héraclide la voit comme un pont pour la lumière.. . » écrit Chateaubriand dans ses Mémoires d'outre-tombe, à propos de l'âme.

 La quintessence, subtile, essence cinq fois distillée, la plus pure, la plus précieuse ...en chimie...

 

Mais qu'est-ce que tu racontes là ? Philippe a écrit la quinte des sens, la juste quinte des sens...

 

Oui, mais aussi « pourvu qu'on ait l'e-Vresse ». La quinte des sens , c'est la fin, l'Arme du silence, le moyen. L'arme ou larme, d'ailleurs ? Ou les deux encramêlées, larmes de bonheur, débordements doux de l'émotion. Mais encore ?

 

  Imagine un homme qui arpente chaque jour monts et vallées, rochers, sentiers, forêts, villages aussi. Il marche et se tait, et devient regard, écoute. Il s'arrête et sent le vent, bise ou brise, tous les souffles, il sent le moelleux des mousses, les arêtes de la pierre. Eclats, couleurs, lumière, bruissements, craquements, échos, chants. Lui, tout silence, il reçoit ;  il connait l'Ardenne, elle entre en lui. Alors le prend le désir de photographier pour garder la trace, au plus près de la terre grouillante de vie, et jusqu'aux horizons lointains, toute heure et couleur ...et de filmer aussi pour retenir  les voix et les souffles. Et un jour, de toute cette contemplation silencieuse sourdent et jaillissent les mots, en floraisons et en cascades. Il a le goût des mots, Philippe. Et voilà qu'il écrit en silence, avec une verve toute graphique, pleine d'allitérations et d'assonances, dans un verbe aventureux et joueur.

 

Il explore les champs sémantiques et lexicaux, égrène les phonèmes... Pourquoi pas une symphonie sylvestre en ut minéral? Pour réjouir novembre...Ou le prélude d'un soir …

 

  Il faut beaucoup de confiance en soi et en l'autre pour livrer ainsi le plus profond de soi. Mais Philippe Grimard, quand il vous regarde, il vous sourit, et vous sentez tout de suite que c'est un homme de partage.

 

Son projet ?

 

« Oser, quotidiennement, l'émerveillement,

 En chaque saison, bonheurs et joies renouvelés,

 En tous sens, de notre belle Ardenne s'imprégner

 En habiller, d'un voile morphique de pudeur

 ce qui ne se crie , ne se hurle qu'à l'intérieur. »

 

 

 Michèle GILLET MANEL